mercredi, novembre 09, 2005

Novembre '05

AFP via Voila.fr

"Le mouvement actuel, explique-t-il, est à l'opposé de la marche des Beurs en 1983. On était alors en pleine phase d'intégration, de montée de confiance. Les 100.000 personnes qui avaient alors participé à cette marche pour l'égalité étaient tous culturellement français. Maintenant, les jeunes de banlieue disent: on ne se sent plus français".
Je pense qu'à l'époque on a tous applaudi(du haut de mes sept ans..)cette volonté d'intégration' des beurs. Avec le recul, cependant, je dirais que c'était sans doute une volonté naïve. Les problèmes d'aujourd'hui et le rejet que ressentent les déscendants d'immigrés maghrébins ne sont pas arrivés de nulle part. Sans doute qu'à l'époque l'humeur était encore à l'optimisme 'seventies', et puis le 'messie' Mitterand venait d'être élu...Cependant, le racisme post-colonial Français est issu de la colonisation bien évidemment, mais prend aussi ses racines dans les premières arrivées de 'main d'oeuvre bon marché'..les premiers arrivants ne voulaient qu'une vie meilleure, ne pensaient peut-être même pas rester. Ils ne pensaient sans doute ni à l'intégration, ni à la rebellion. La génération suivante était Française et a accepté, en grande partie, le républicanisme Français, c'est-à-dire l'assimilation. Les colères étaient plutôt dirigées contre les extrémismes fascisantes des années '80. En ce qui concerne la dernière génération, ce qu'on oublie-ou ignore-c'est que dans toute immigration, il y a des changements qui s'opèrent entre les générations. Tout comme on a plus de respect pour ses grand-parents que pour ses parents, les troisième générations d'immigrés se retournent souvent vers leurs cultures d'origine. Cela peut se manifester de façon purement culturelle, chez ceux qui en ont les moyens, mais chez d'autres cela va de pair avec une rebellion et un haine contre la culture d'adoption. Les dirigeants Français n'ont pas prévu cette réaction...il aurait fallu, cependant, intégrer les immigrés sans vouloir à tout prix les assimiler. Mais ça n'est pas compatible avec le dogme républicain.
L'explication? Pour Alain Touraine, qui avait analysé les émeutes de Vaulx-en-Velin en 1990 - elles étaient restées localisées - "il y a maintenant, en France, des phénomènes de ségrégation dans l'espace, de ghettos. Avant, il n'y avait pas de quartier homogène. Aujourd'hui, il y a des quartiers entiers ou l'on ne vend ni vin ni porc".
Je me demande à quoi peuvent bien servir des petites phrases provocatrices commes celle là. Comme si'il s'agissait d'une 'islamisation' des banlieues. Le problème est dans le rejet des immigrés et de leurs déscendants, pas dans la religion. Si on cantonne les immigrés dans des ghettos, et que la majorité des immigrés sont musulmans, évidemment qu'on n'y trouvera pas de vin ou de porc. L'offre et la demande. C'est anecdotique.