Ces derniers jours ont vu une résuregence de la violence au Liban. Comme toujours, la question semble être 'qui est derière tout ça?' On peut soit répondre que cela n'est pas important, que la violence est à condamner quelque soit sa provenance, ou on peut chercher à comprendre les origines de cette violence. Non seulement ceux qui en sont directement responsables, ni même simplement ceux qui l'auraient commandité, mais aussi ceux qui par leurs actions et leurs soutiens géo-politiques en sont aussi de près ou de loin (plutôt de près!) responsables. Suivez mon regard... Je ne connais aucun autre journaliste au moyen-orient (par 'connaitre', vous comprenez bien que je n'en ai rencontré aucun, mais vous voyez ce que je veux dire...non?) qui soit aussi honnête, objectif (autant que faire ce peut - ais-je bien employé l'expression?) ni aussi compétent que Robert Fisk, journaliste chez The Independent. Voici donc quelques extraits traduits non par mes soins. Ils ne répondent pas forcément aux questions que l'on peut se poser, mais ils permettent de réfléchir hors du cdre pré-défini par nos médias et politiques consensuels. Et comme d'habitude, cliquez sur les liens pour avoir les textes complets.
Robert Fisk
Eh bien ! M. Siniora a affirmé que c'était une tentative de déstabiliser le Liban — pour le dire gentiment : bien joué ! — et Saad Hariri, le fils de l'ancien Premier ministre assassiné ici il y a plus de deux ans, a dit de ces hommes armés qu'ils étaient des "malfaisants qui avaient détourné l'Islam". Ce même Saad Hariri qui aidait directement — c'est ce qu'au moins un journaliste américain a suggéré dans un article récent, paru dans The New Yorker[1] — à faire passer de l'argent saoudien vers ces mêmes hommes armés. C'est le Hezbollah chiite qui endosse, selon ce scénario, le rôle des méchants, pas le groupe sunnite. Mais Tripoli est la ville sunnite la plus puissante du Liban — si puissante que pas une goutte d'alcool n'y mouille les tables de restaurant — et les hommes et les femmes qui courraient terrorisés hier dans les rues de Tripoli étaient aussi des Sunnites. Alors ! Est-ce que les Syriens ont réellement concocté un "al-Qaïda" au Liban ? Et qui sont ses ennemis ? Les soldats de l'Otan de la force de l'Onu au Sud-Liban, peut-être ? Mais sûrement l'armée libanaise, exactement cette même armée qui a bravement empêché la guerre civile en janvier dernier ? Déjà, en 2000, un groupe du type al-Qaïda avait pris l'armée libanaise en embuscade au Nord-Liban. Etait-ce aussi censé être une intervention de la Syrie ?Robert Fisk
Il est trop simple d'affirmer que ceci est l'œuvre de la Syrie. La Syrie peut avoir un intérêt à observer cette déstabilisation, voire assister ces groupes avec de la logistique - à travers son réseau de sécurité. Mais d'autres organisations pourraient y avoir trouvé un intérêt commun : les insurgés irakiens, par exemple, voire les Taliban, peut-être également des petits groupes des territoires palestiniens occupés. Voilà comment les choses marchent au Proche-Orient, où il n'y a rien qui ressemble de près ou de loin à la responsabilité - seulement une communauté d'intérêts. Peut-être les Américains auraient-ils appris quelque chose à ce sujet s'ils n'avaient pas insulté les Syriens, il y a deux ans, en les accusant d'autoriser les combattants à entrer en Irak - à partir duquel moment, les Syriens cessèrent toute coopération militaire et de renseignement avec les Etats-Unis.
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