dimanche, décembre 04, 2005

L'Hebdo s'installe à Bondy

Bondy Blog


A force de partir, je fais ma valise en trois minutes. Sauf que d'habitude, c'est pour Kaboul ou Bagdad: chaud la journée, froid le soir, un foulard contre la poussière et de bonnes chaussures. Une cravate aussi, il y a toujours une soirée d'ambassade. Mais là, pour la banlieue, j'ai plus de peine. Je me dis faut pas faire terrain, pas parisien non plus - surtout pas parisien! C'est toute l'idée, s'installer en banlieue pour raconter autre chose que les journalistes de Saint Germain. C'était à la réunion de rédaction de mercredi. Jean-François Fournier a proposé une immersion. D'accord, j'ai dit, mais un mois c'est mieux qu'une semaine. Après tout, les maux français, chômage, immigration, violence, discrimination, éducation, sont tous en banlieue. Ce ne vous fait plus gagner une élection que d'aller comme Chirac caresser le cul des vaches au salon de l'agriculture. Faut caresser – ou fouetter – les banlieues, c'est là que vont se jouer les présidentielles de 2007, Sarkozy l'a bien compris. Le réd-chef Alain Jeannet est séduit, mais voudrait cette immersion à la frontière suisse, Annemasse ou Strasbourg, parce que cela nous concerne aussi. J'ai proposé Bondy à cause d'un point de chute, une amie de ma femme, syndicaliste et communiste dont le fils s'est converti à l'islam. C'est en Seine-Saint-Denis, le département 93, pas loin de l'origine des émeutes de la semaine dernière. D'accord, mais qui va passer un mois ou deux là-bas? On s'est dit que les journalistes de l'Hebdo pouvaient s'y relayer pendant un certain temps, le temps qu'il faudra pour bien creuser et tout comprendre, avec chacun son style et ses intérêts. On fera un blog et des articles dans chaque numéro. C'est moi qui commence, je pars ouvrir un bureau de l'Hebdo à Bondy.