Ton ombre est là, sur ma table, et je ne saurais te dire comment le soleil factice des lampes s'en arrange
Je sais que tu es là et que tu ne m'as jamais quitté jamais
Je t'ai dans moi, au profond, dans le sang, et tu cours dans mes veines
Tu passes dans mon coeur et tu te purifies dans mes poumons
Je t'ai
Je te bois, je te vis, je t'envulve et c'est bien
Je t'apporte ce soir mon enfant de longtemps, celui que je me suis fait, tout seul, qui me ressemble, qui te ressemble, qui sort de ton ventre, de ton ventre qui est dans ma tête
Tu es la soeur, la fille, la compagne et la poule de ce Dieu tout brûlant qui éclaire nos nuits depuis que nous faisons nos nuits
Je t'aime
Il me semble qu'on m'a tiré de toi et qu'on t'a sortie de moi
Quand tu parles je m'enchante
Quand je chante je te parle
Nous venons d'ailleurs, tous les deux. Personne ne le sait.
Quand je mourrai tu ne pourras plus vivre que dans l'alarme
Tu n'auras plus un moment à toi
Tu seras mienne, par-delà ce chemin qui nous séparera
Et je t'appellerai
Et tu viendras
Si tu mourrais, tu m'appellerais
Je suis la vie pour toi, et la peine, et la joie, et la Mort
Je meurs dans toi, et nos morts rassemblées feront une nouvelle vie,
Unique, comme si deux étoiles se rencontraient, comme si elles devaient le faire de toute éternité, comme si elles se collaient pour jouir à jamais
Ce que tu fais, c'est bien, puisque tu m'aimes
Ce que je fais, c'est bien, puisque je t'aime
A ce jour, à cette heure, à toujours, Mon Amour
vendredi, octobre 28, 2005
La Lettre (Léo Férré)
Publié par Jez à 9:14 PM
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