Celui des Arméniens de Turquie ensuite. Avis, ô combien important, de cette minorité, première concernée et condamnée à se taire sous peine d'emprisonnement. Pour elle, l'initiative française est une « imbécillité ». « Ceux qui nuisent à la liberté d'expression en Turquie et ceux qui cherchent à lui nuire en France ont la même mentalité », souligne l'un de ses plus réputés intellectuels.
Une chose est de reconnaître le génocide arménien - ce que notre pays a officiellement fait en 2001 -, une autre d'en réprimer la négation. Celle-ci n'est pas si fréquente en France qu'il faille légiférer à tout prix. D'autant que les lois mémorielles ne freineront jamais les esprits malveillants assoiffés de publicité.
Au lieu d'aller vers plus d'intervention de l'état dans l'opinion de chacun, nous devrions nous en éloigner. Effectivement, que l'état reconnaisse le génocide, c'est une chose importante, qu'elle interdise aux individus de la nier, c'est dangereux, car c'est imposer la vision historique de l'état sur les citoyens. Je ne partage donc pas l'analyse du Figaro, qui consiste à dire que cette loi est mauvaise dans ce cas précis, mais bien celle de l'intellectuel Arménien de Turquie cité ci-dessus. La liberté d'expression doit être défendue, que ce soit contre des fanatiques religieux ou contre l'état républicain.
Jack Lang:
C’est parce que je suis un ami du peuple arménien que je ne suis pas favorable à ce nouveau texte. Une loi qui criminaliserait la négation du génocide arménien serait anticonstitutionnelle, puisqu’elle irait à l’encontre du principe de liberté d’expression né de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. La loi Gayssot, qui a pénalisé l’antisémitisme et la négation de la Shoah, a évité cet écueil en se référant directement au procès de Nuremberg et à plusieurs traités internationaux.Je me demande en quoi le procès de Nüremberg et des traités permettent de limiter la liberté d'expression.
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