mercredi, août 09, 2006

Peur de la démocratie?

Pourquoi Israël cherche-t-il à détruire la ‘démocratie’ libanaise ? En effet, Le Liban est une société multiethnique et multiconfessionnelle, dont la constitution protège cette diversité en réservant les plus hauts postes de l’état à des politiciens issus des différentes communautés. Israël, par contre, se targue d’être la seule ‘démocratie’ du Moyen-Orient. Israël (et je parle bien sûr de ses dirigeants) fait valoir que nombre d’Israéliens sont des Non juifs. Mais pourquoi est-il nécessaire de clarifier ce point ? La raison est qu’Israël se définit comme un état Juif. C’est la seule ‘démocratie’ en dehors du monde musulman dont l’identité même est définie selon un caractère religieux. En dehors du Moyen-Orient, il n’y a sans doute pas non plus de tels pays. Et même dans le Moyen-Orient, Israël fait partie d’un petit groupe de pays qui se définit ou peut être défini selon des critères religieux, les autres étant la République Islamique d’Iran et l’Arabie Saoudite. L’idée qu’une démocratie chez des voisins d’Israël ne soit pas du goût des dirigeants Israéliens peut être soutenue par le fait que cela mettrait à nu le caractère non démocratique de l’état israélien et la pression extérieure serait plus forte pour qu’Israël devienne une vraie démocratie, ce qui signifierait la perte de son identité juive.
Est-ce bien pour détruire la ‘démocratie libanaise’ qu’Israël inflige une punition collective au peuple libanais pour l’enlèvement et la mort de quelques-uns des soldats de Tsahal ? Je ne pourrai pas y répondre n’étant pas assez proches des dirigeants Israéliens pour connaître leurs motivations. Ce qui paraît pourtant clair, c’est que la motivation avouée d’Israël, c’est-à-dire de repousser, voire d’anéantir le Hezbollah ne semble pas porter ses fruits. Il était d’ailleurs évident pour bon nombre d’observateurs du Moyen-Orient comme pour bon nombre d’individus simplement intéressés par la région, que le Hezbollah, une guérilla, ne pouvait pas être affaibli par une guerre traditionnelle, et qu’elle serait même sûrement renforcée par un soutien grandissant parmi le peuple libanais, même dans les communautés non-chiites. Cela semble aujourd’hui s’être vérifié. D’ailleurs bon nombre d’Israéliens se demandent aujourd’hui oû sont les résultats de l’offensive de Tsahal sur le Hezbollah, même si ils ne se demandent pas forcément si la motivation de leurs dirigeants ne se trouve pas ailleurs. En effet, si des individus en dehors du Moyen-Orient, ne connaissant la situation que par leurs observations et par divers médias étaient capables de voir dès le début du conflit que l’offensive ne permettrait sûrement pas d’affaiblir le Hezbollah, comment se peut-il que les dirigeants, les militaires et les services secrets Israéliens se soient trompés à ce point ?
Je ne peux donc pas affirmer que les dirigeants Israéliens cherchent à détruire la ‘démocratie libanaise’, mais on peut tout de même se demander quelle autre motivation ils peuvent avoir pour détruire de la sorte un pays et tuer des centaines, voire plus de mille de ses citoyens, sans que cela ne permette de mettre les citoyens Israéliens hors de danger.
Voir Abbas Beydoun